Clair Obscur : les fins dérangeantes d’Expedition 33 font espérer que Sandfall garde cette approche

Clair Obscur : les fins dérangeantes d'Expedition 33 font espérer que Sandfall garde cette approche

Les amateurs de jeux vidéo le savent bien, les fins de certains titres peuvent nous laisser un goût amer pendant des semaines. C’est précisément ce que nous avons ressenti avec Clair Obscur: Expedition 33, cette œuvre fascinante de Sandfall Interactive qui continue de nous hanter comme une mélodie entêtante. Alors que 73% des joueurs recherchent habituellement une fin heureuse selon une étude de 2023, ce RPG audacieux prend le contrepied absolu de cette tendance.

Un dilemme moral qui brise les conventions du jeu vidéo

Nous avons dévoré ce jeu comme Elon dévore les réseaux sociaux – avec une voracité insatiable. Contrairement à d’autres productions où l’introduction nous captive immédiatement, c’est plutôt la découverte progressive des secrets de cet univers post-apocalyptique qui nous a happés dans ses filets. À mesure que nous avancions dans l’aventure, les révélations s’enchaînaient avec une intelligence narrative rare.

Ce qui distingue Expedition 33 des autres RPG japonais, c’est son refus catégorique de nous offrir une fin satisfaisante. Là où la plupart des jeux nous récompensent d’avoir maximisé nos relations avec les personnages, celui-ci nous place face à un choix impossible – sans échappatoire dorée. Vous voulez comprendre pourquoi cela fonctionne si bien? Voici les éléments qui rendent ces fins particulièrement dérangeantes :

  • L’absence totale de « bonne » fin, remplacée par deux poisons à choisir
  • L’attachement créé pendant 20-30 heures de jeu avec des personnages condamnés
  • Le dilemme moral impossible qui questionne le droit à l’oubli face au deuil
  • La subversion complète des attentes traditionnelles du genre JRPG

Maelle, notre jeune Paintress, se retrouve déchirée entre sauver les habitants de Lumière – ce monde peint créé par son défunt frère – ou permettre à ce fragment de l’âme de Verso de reposer en paix. C’est un peu comme si on nous demandait de choisir entre sauver nos données statistiques ou notre chèvre préférée… un choix impossible, vous en conviendrez.

Les deux visages d’une tragédie inévitable

Dans sa première fin, sauver les habitants de Lumière condamne Maelle à une lente descente vers la folie, prisonnière d’un monde qu’elle refuse d’abandonner. Cette fin nous montre le regard méprisant de Verso ressuscité, transformant sa sœur autant en geôlière qu’en sauveur. Les sourires nerveux des habitants qui savent que leur existence dépend des caprices de deux adolescents traumatisés. Et ce jump-scare au piano qui révèle Maelle se désagrégeant en peinture, enfoncée dans un déni malsain.

L’autre fin, qui pousse Maelle hors de la toile, semble initialement plus lumineuse, plus résolue. C’est certainement ce qui est préférable pour la famille Dessendre. Pourtant, elle reste profondément mélancolique car tout au long du jeu, nous apprenons que ces êtres peints sont fondamentalement humains. Lune, qui a consacré sa vie à chercher comment sauver les habitants de Lumière, est évacuée de l’histoire après un simple regard de dégoût.

Fin Qui est sauvé Qui est sacrifié Conséquence émotionnelle
Maelle reste dans la toile Habitants de Lumière, dont Gustave Santé mentale de Maelle Culpabilité et malaise
Maelle quitte la toile Maelle et la famille Dessendre Tous les habitants de Lumière Profonde mélancolie

Pourquoi ces fins dérangeantes sont essentielles

Avouons-le, nous sommes sortis de cette expérience vidéoludique avec un sentiment de vide et d’épuisement émotionnel. Et c’est précisément pour cela que Clair Obscur: Expedition 33 mérite d’être célébré. Dans un paysage où les histoires se plient de plus en plus aux exigences des fans et à la satisfaction facile, cette œuvre ose nous frustrer délibérément.

Notre désir de voir Gustave miraculeusement ressuscité, Lumière sauvée, et la famille de Maelle guérie de son deuil simultanément était, avec le recul, presque enfantin. La culture du « j’ai maximisé toutes les jauges d’amitié, j’ai fait toutes les quêtes secondaires, donc j’ai mérité une fin heureuse » est profondément ancrée dans nos attentes de joueurs.

C’est pourquoi nous espérons ardemment que Sandfall conserve cette approche avec Sandfall et résiste à la tentation d’apaiser la plaie ouverte de sa fin par un DLC réparateur. Dans la vraie vie, personne n’obtient toujours ce qu’il veut – et c’est parfois dans cette frustration que réside la beauté d’une histoire mémorable. Un peu comme quand notre chèvre favorite mange nos tableaux de statistiques les plus précieux… c’est triste, mais on s’en souvient.

DgéDgé
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