Nous avons tous vu ce phénomène étrange. Dès qu’un jeu vidéo sort du lot, il devient instantanément le messie d’une industrie prétendument moribonde. C’est exactement ce qui s’est produit avec Clair Obscur: Expedition 33, le RPG au tour par tour qui a fait sensation depuis sa sortie en avril 2025. Mais sérieusement, pouvons-nous juste prendre une seconde pour discuter normalement de ce jeu sans en faire le sauveur d’un genre ou l’antidote à tous les maux du gaming ?
Ce que Clair Obscur représente vraiment dans le paysage vidéoludique
Avec un score Metacritic dépassant allègrement la barre des 90, Clair Obscur: Expedition 33 s’est rapidement imposé comme le phénomène gaming de 2025. Vous savez, ce genre de titre qui génère autant de mèmes que d’analyses critiques sérieuses. Mais au lieu de parler du jeu lui-même, nous avons préféré collectivement l’utiliser comme une sorte d’argument massue dans toutes nos querelles de gamers.
D’abord, parlons statistiques : ce n’est pas le premier RPG au tour par tour à cartonner ces dernières années. Metaphor: ReFantazio, sorti fin 2024, a reçu des éloges similaires. Et que dire d’Octopath Traveller 2 ou Like a Dragon: Infinite Wealth ? Pourtant, à en croire certains, Clair Obscur aurait ressuscité un genre supposément mourant. Cette affirmation est aussi crédible que les promesses d’Elon Musk concernant l’autonomie totale de ses véhicules.
Lors du Summer Game Fest, le présentateur Geoff Keighley a mis en avant que Sandfall Interactive n’avait que 30 employés – une affirmation rapidement démentie quand les critiques ont commencé à compter tous les développeurs externes impliqués. C’est un peu comme si nous déclarions être une petite équipe éditoriale alors que nous sous-traitons 70% de notre contenu à des freelances.
Au-delà du battage médiatique : la véritable substance de cette expédition
Si nous prenions réellement le temps d’analyser ce que Clair Obscur a à nous dire, nous découvririons une œuvre bien plus profonde que ne le suggèrent les débats superficiels. Le jeu cherche comment l’humanité persévère face à un deuil collectif. Chaque expédition qui périt dans le monde de Gommage contribue à la réussite potentielle de la suivante – une métaphore assez évidente de notre propre expérience avec la pandémie de COVID-19.
Voici ce que le jeu nous propose réellement :
- Une réflexion sur le sacrifice collectif face à l’adversité
- Une narration qui fait écho à nos traumatismes récents
- Un système de combat au tour par tour qui revisite les classiques sans moderniser le genre
- Une direction artistique qui transcende les limitations techniques
Le troisième acte du jeu, qui pivote vers une réflexion méta sur l’art comme échappatoire au deuil, divise même les plus fervents admirateurs. Ce virage narratif est aussi surprenant que les stats de DPS d’une chèvre dans un RPG fantasy – complètement inattendu et difficile à justifier.
| Aspect du jeu | Forces | Faiblesses |
|---|---|---|
| Narration | Profonde exploration du deuil collectif | Virage méta dans l’Acte 3 |
| Gameplay | Combat au tour par tour rafraîchissant | Peu d’innovations réelles |
| Impact culturel | Conversations substantielles sur ses thèmes | Utilisé comme arme dans des débats sans rapport |
L’effet Clair Obscur et notre obsession des méta-récits
Nous adorons créer des méta-narratifs autour des succès et des échecs dans l’industrie du jeu vidéo. Baldur’s Gate 3 devait nous révéler ce que les joueurs voulaient « vraiment ». Black Myth: Wukong est devenu un rejet de l’idéologie occidentale. Concord a été présenté comme la preuve que les jeux-service étaient morts. C’est comme si nous ne pouvions pas simplement apprécier un jeu pour ce qu’il est.
Cette tendance à instrumentaliser les jeux n’est pas sans rappeler notre façon d’aborder d’autres médias. Par exemple, le Super Bowl 2023 entre les Chiefs et les Eagles est devenu plus excitant quand nous l’avons vu comme une histoire de rédemption plutôt qu’un simple match de football.
Mais dans le cas de Clair Obscur, cette surinterpétation tue les discussions substantielles sur l’œuvre elle-même. Au lieu de débattre de la façon dont le jeu traite du deuil collectif ou de l’efficacité de sa narration, nous l’utilisons comme un argument dans nos guerres de clochers vidéoludiques.
Alors, pouvons-nous juste être normaux pendant une seconde à propos de Clair Obscur: Expedition 33 ? Pouvons-nous reconnaître qu’il s’agit d’un excellent jeu avec ses forces et ses faiblesses, sans en faire le messie d’une industrie qui n’a jamais eu besoin d’être sauvée ? Vous le pouvez. Nous le pouvons. Et franchement, ce serait rafraîchissant de simplement parler du jeu lui-même.
