Disponible depuis le 8 mars au Japon, Hatsune Miku and Future Stars Project Mirai constitue la première création de la Team Project DIVA pour une console Nintendo. L’absence de support des jeux étrangers par la 3DS a indéniablement freiné l’enthousiasme et l’intérêt des joueurs pour le jeu. Il n’en demeure pas moins intéressant de vérifier l’approche opérée par SEGA pour son titre sous licence Nendoroid. Face à la série Project DIVA qui n’a fondamentalement pas évolué depuis le second opus, Project Mirai propose une nouvelle formule assez proche de l’essence des jeux PSP tout en apportant un peu de fraicheur à l’habillage et au concept. Le contenu suivra-t-il ?
Kawaii desu ne ?
Si le jeu devait au départ adopter un style graphique proche de la série Project DIVA, les développeurs ont préféré user d’un design inédit basé sur la licence Nendoroid. Les personnages adoptent donc par défaut l’apparence Super Deformed des figurines de Good Smile Compagny. La modélisation des chanteurs est à ce titre très convaincante, offrant une sympathique palette d’animations tant pour le visage que dans les mouvements. Les différents costumes bénéficient par ailleurs d’un soin particulier avec de jolis effets mettant parfois en relief la texture des vêtements. On ne peut hélas pas dire que les décors du jeu aient joui du même traitement : dépouillées, pour ne pas épurées lorsque celles-ci jouent la carte de la modélisation 3D, certaines scènes de jeu manquent cruellement de détails. Pire, certaines textures baveuses et de faible résolution ternissent un peu le tableau de certains clips.
Bien heureusement, SEGA a eu la bonne idée de ne pas se reposer entièrement sur la 3D, en misant également sur des PV à la réalisation plus saisissante. Que ceux-ci soient originaux ou reprennent carrément des clips existants, ces morceaux se basent sur des juxtapositions de plans 2D. Le résultat est alors à la fois original et très rafraichissant pour les yeux. Inutile de dire que la vision 3D de la console prend tout son temps sur ces PV. A ce sujet, il faut noter que si l’effet est parfois intéressant, le premier plan de l’écran est réservé aux cercles de jeu. Que la vision stéréoscopique soit activée ou non, le jeu offre en tout cas une fluidité à toute épreuve. Globalement, si l’on met de côté les faiblesses de certains PV, le jeu réussit à proposer une forte identité visuelle.
Pousser la chansonnette, sans forcer
Après les 47 musiques de Project DIVA 2nd puis les 36 morceaux de Project DIVA extend, on pourrait croire que SEGA se montre de plus en plus pingre dans ses choix musicaux : Project Mirai ne compte en effet que 21 titres. A l’exception de Finder et de Clover♣Club (et dans une moindre mesure No Logic), l’intégralité des morceaux (à découvrir par ici) sont inédits dans la série des jeux vidéo Miku Hatsune. C’est un fait, la playlist est indéniablement courte. Pour se rattraper, Project Mirai propose cependant un tour de passe-passe en déclinant certaines musiques dans des versions chantées par différents personnages. 6 musiques sont concernés par cette astuce, qui permet d’augmenter virtuellement le nombre de morceaux à 39. L’idée est en soit très pertinente, mais on aurait aimé que le changement de chanteur s’accompagne de variations graphiques dans les clips.
Quoiqu’il en soit, on ne peut que souligner la grande qualité de la playlist, proposant des musiques connues de Miku, Rin, Len, Luka, Kaito et Meiko. A cette liste vient également s’ajouter une invité surprise de marque en la personne de GUMI, qui marque ainsi ses premiers pas dans le monde vidéoludique. La Megpoid bénéficie cela-dit d’un traitement particulier, puisqu’elle n’a pas eu droit à une modélisation 3D. Il est donc impossible de la voir en dehors des deux duos qui lui sont accordés, à savoir Happy Synthesizer et Matryoshka.
Dans la pure tradition des jeux Miku Hatsune, les VOCALOID se voient affublés de différents costumes rattachés à l’esprit des clips. Cette fois-ci, les accoutrements seront disponibles dès le départ pour chacune des musiques ; après tout, il semble normal que le joueur découvre un clip avec le costume pensé pour le morceau. Ce n’est qu’après avoir complété un PV puis l’avoir visionné à nouveau en mode PV que celui-ci rejoindra la boutique du jeu. En achetant le costume, vous pourrez alors l’utiliser dans les autres musiques. Notons à ce sujet que, dans un certain souci de prolonger l’expérience de jeu, les différents habits sont assez onéreux et le total de points gagnés à chaque partie demeure plutôt maigrichon. Du temps sera donc nécessaire pour remplir confortablement la garde-robe virtuelle. On apprécie en revanche le changement très aisé de costumes ou de personnages depuis l’écran de sélection des musiques : d’une simple pression sur la touche R, le joueur fait son choix sans le moindre temps de chargement.
Un gameplay minuté et minutieux
A nouvelle licence, nouveau gameplay : Project Mirai introduit un nouveau système de jeu intitulé Chance Circle System. Le joueur doit valider en rythme différentes touches au passage d’une aiguille à l’intérieur de cercles. Fondamentalement, le principe n’évolue guère par rapport à Project DIVA, puisqu’il s’agit toujours d’entrer correctement les combinaisons affichées à l’écran. La première grande difficulté que rencontrera le joueur sera peut être de s’habituer aux touches Nintendo : le quadruo ABXY peut en effet se révéler moins parlant que les symboles PlayStation. Bien heureusement, afin de ne pas déboussoler les habitués de la série Project DIVA, SEGA a eu la brillante idée de colorer à l’écran les touches avec un code de couleurs identique aux boutons PlayStation.
Face à l’orientation résolument kawaii du jeu, on était en revanche curieux de connaître l’approche de Project Mirai sur la question de la difficulté. Le résultat est satisfaisant et réussit à concilier accessibilité et difficulté. Comme prévu, le jeu intègre pour chaque musique trois niveaux de difficulté. Ceux-ci diffèrent par le nombre de boutons employés dans chaque cercle. Ainsi, dans le niveau le plus faible, chaque horloge ne comporte qu’un seul et unique type de touche, alors qu’une combinaison de deux boutons est utilisée pour chaque cercle dans la difficulté intermédiaire. Enfin, le mode HARD associe bien évidemment toutes les touches. Le challenge se corsera également par la juxtaposition de plusieurs cercles : le joueur devra alors anticiper les prochaines touches pour effectuer des transitions fluides d’une horloge à l’autre. On apprécie également la possibilité de régler la vitesse de l’horloge dans le jeu, permettant d’espacer plus ou moins la répartition des touches.
Que les joueurs se rassurent : si le jeu semble tolérant dans l’attribution des rangs élevés, ne croyez pas pour autant que SEGA a sacrifié le jeu sur l’autel de l’accessibilité. Tout joueur pourra s’amuser rapidement avec le jeu, mais les plus chevronnés se heurteront au véritable challenge de Project Mirai : obtenir le rang double S. A la différence d’un Project DIVA, les touches correctement validées sont toutes regroupées sous le sigle COOL. En ce sens, exit les FINE qui offraient une certaine tolérance au joueur. Vous l’aurez compris, obtenir le Perfect ne peut se faire qu’en récoltant tous les COOL d’une musique. La tâche pourra se montrer compliquée au début, même dans les difficultés les plus basses, en raison d’un timing parfois serré. Bien heureusement, force et persévérance auront raison du jeu, et le titre est loin de proposer des choses aussi complexes qu’un Miku Geki Shou de Project DIVA. Cependant, la nécessité d’obtenir tous les COOL pour compléter à 100% une musique entraîne un effet pervers : un Perfect s’accompagnera toujours et forcément du même score. Dès lors, on pourrait penser que Project Mirai met fin à l’esprit de compétition qui pouvait régner sur le scoring de Project DIVA. Bien sur, cet élément n’aura au final aucun impact pour la grande majorité des joueurs, mais pour il faut tout de même souligner que Project Mirai n’est pas qualifié pour le domaine du scoring.
Le jeu se pare enfin d’un indice censé refléter votre qualité de jeu : ainsi, l’écran inférieur de la console affiche votre niveau, réparti sur cinq stades. Vous débutez naturellement chaque musique au premier cran, mais en cumulant les bonnes notes, celui-ci augmente. Une fois que vous avez atteint le level MAX, de nouvelles touches étoilées font leur apparition. Pouvant être validées avec n’importe quel bouton de la console, il vous suffit de toutes les entrer pour voir apparaître en fin de cercle une touche SP. L’obtention de l’intégralité de ces dernières permettra de décrocher une couronne, nécessaire à l’obtention de nouveaux bruitages.
Des à-côtés efficaces mais insuffisants
Project Mirai a autre chose à offrir qu’un rythm’n’ game. Héritage de la DIVA Room de Project DIVA, le mode My Room apporte ici une nouvelle approche, puisqu’il constitue en réalité le menu principal du jeu. Véritable petit couteau-suisse ludique, la chambre permet d’afficher des notifications sur les éléments débloqués dans le jeu, mais également d’écouter les musiques débloquées, de régler des alarmes ou encore des rappels. Chaque pièce apporte une ambiance spécifique, et vous pourrez bien évidemment admirer vos VOCALOID se mouvoir dans cet espace. On regrette cependant que les interactions ne soient pas particulièrement poussées. De même, les animations peuvent sembler un peu répétitives et ne diffèrent pas réellement d’un personnage à l’autre. Le but est ici clairement de faire du mode My Room une animation de bureau, en laissant votre 3DS allumée sur son socle.
Dans l’air du temps, Project Mirai intègre également une série de fonctionnalités de réalité augmentée. Il est indéniable que SEGA a soigné le concept, en livrant le jeu avec pas moins de 15 cartes. Celles-ci se répartissent en deux groupes : les cartes de personnages permettent tout d’abord de faire apparaître simplement un VOCALOID à l’écran. Le joueur verra à disposition une série de paramètres et d’options, afin de modifier la taille du personnage ou de le déplacer, de changer sa pose, d’intégrer des éléments de décoration, d’ajouter son Mii ou encore de réaliser certaines animations. Le second groupe de cartes correspond ensuite aux chorégraphies de 9 musiques, donnant vie à de véritables petits concerts personnels. Bien conçue mais clairement dispensable, la réalité augmentée de Project Mirai ne souffre finalement que d’un défaut inhérent à la console, à savoir la médiocrité de l’appareil photo de la 3DS.
Au rang des fonctionnalités secondaires, Project Mirai adopte également un système vocale pour la navigation dans les menus. D’une simple pression de la touche Y, prononcez avec votre plus bel accent le nom d’un mode et le titre d’une musique pour que le jeu s’exécute. Le système fonctionne étonnamment bien (du moins, pour les éléments anglais), mais reste tout de même assez gadget dans la pratique. Plus utile, le jeu permet de réaliser des captures d’écran, en 3D, des PV et du mode My Room (vous pouvez d’ailleurs à ce titre retrouver notre pack de 231 images par ici). Le mode PV, logiquement dédié au visionnage les clips débloqués, se dote de fonctionnalités inspirées du célèbre site NicoNico Douga. Il sera ainsi possible d’inscrire des commentaires dans la vidéo et de les partager avec ses amis. La lecture des musiques est également facilitée avec l’introduction d’un découpage par sections des chansons, afin de se déplacer plus rapidement dans celles-ci. On regrette que SEGA n’ait toujours pas réussi à proposer un véritable système d’avance et de retour rapide à la volée.
Malgré ces différents modes, il est indéniable que Project Mirai souffre d’un manque de contenu. Au-delà du faible nombre de musiques, on s’étonne très ouvertement de l’absence d’une alternative à l’Edit Mode, permettant de créer ses propres musiques. Une telle fonctionnalité, qui a contribué au succès de la série Project DIVA, était en effet parfaitement adaptée à une console telle que la 3DS et son outils d’échange StreetPass.
Conclusion
Pour sa première incursion sur Nintendo 3DS, Miku Hatsune débarque dans un produit de qualité mais loin de tout reproche. Puisant sans surprise son inspiration dans la série Project DIVA, le jeu réussit à s’offrir une belle transposition de l’univers Nendoroid. Assez inégal en terme de réalisation, c’est surtout au niveau du contenu que la tableau Project Mirai se ternit : la maigre (mais pourtant excellente) playlist et l’absence d’un mode de création de PV sont dommageables pour l’intérêt du titre. Les joueurs de haut niveau grinceront également des dents sur les choix opérés en matière de scoring. Pourtant, les mécanismes de jeu bien huilés, la force visuelle de certains morceaux et son ambiance adorable seront autant d’atouts pour motiver certains joueurs de s’intéresser au jeu avec la même ferveur qu’un Project DIVA. En fin de compte, Project Mirai reste un très bon jeu pour les amoureux de la diva, mais on aurait espérer un contenu plus consistant… En attendant Project Mirai 2nd ?
En Bref :
+ Un design kawaii à croquer
+ Modélisation des personnages réussie
+ Playlist rafraichissante
+ Certains PV très jolis, avec de bons effets 3D
+ Un gameplay équilibré entre l’accessibilité et le challenge
+ Les versions alternatives des musiques chantées par d’autres personnages
+ GUMI !
- Playlist rachitique
- Où est donc passé l’Edit Mode ?
- Certains PV modélisés en 3D graphiquement en retrait
- Un score unique pour le rang Perfect, adieu le scoring
- Le mode My Room assez limité
- GUMI n’est pas modélisée